Le second cerveau de JCK

Vivre localement ou globalement ?

Il y a deux façons d’investir votre temps.

Vous pouvez le faire localement ou globalement.

Si vous décidez d’être local, vous allez créer ou faire partie d’une communauté, participer à des événements physiques et créer de la valeur pour la ville où vous habitez. Mais vous aurez moins de temps pour le reste du monde.

À l’inverse, si vous décidez de concentrer votre temps et énergie de façon globale, vous allez créer pour “le monde entier”, certainement en exploitant les leviers d’Internet (le code, le média et l’IA). Mais vous aurez moins le temps de vous engager dans les communautés locales.

Je suis tombé pour la première fois sur cette idée (ou modèle mental) via mon cher Derek Sivers.

En tant qu’entrepreneur, créateur ou tout simplement être humain, je suis souvent tiraillé entre ces deux façons d’investir mon temps, mon attention et mon énergie.

Mon retour à Paris m’incite à me poser la question : ai-je envie d’investir mon temps localement ou globalement ces prochains mois ?

Cet essai est une tentative de trouver ma réponse actuelle.

Mais aussi de vous montrer comment réfléchir à la question de votre côté.

Une intention liée à une phase de vie

J’ai pris un appartement sur Paris pour environ trois mois.

Mon intention principale est d’être présent en France et a fortiori à ce carrefour des rencontres qu’est Paris pour maximiser les chances de faire un bon lancement avec mon livre.

La sortie de mon livre est l’étoile du nord de cette phase de vie parisienne.

Le livre est un projet qui me pousse du côté “global” du spectre “local < — > global”.

Paris est un “outil” que j’utilise comme levier pour faire connaître mon travail à une échelle globale.

Mais Paris est aussi une ville qui peut m’offrir des expériences riches, de belles rencontres, de la sérendipité, des idées et bien plus.

Quand on est dans un tel environnement, il est normal d’être tenté de porter son attention localement.

S’investir localement est souvent synonyme d’engagement et d’ancrage.

Le nomadisme n’offre pas toujours les conditions idoines pour bénéficier des avantages d’un engagement localisé.

Quand nous sommes nomades, nous pensons et vivons dans l’éphémère.

Cela a un impact sur notre façon de vivre les expériences (en positif et négatif) mais aussi dans la manière dont nos interlocuteurs pensent et vivent leurs expériences avec nous.

Je suis nomade depuis 2 ans. C’est quelque chose que j’ai rapidement compris.

Quand bien même je resterai 6 mois à un endroit (ce qui serait long pour la plupart des nomades digitaux) il est difficile de construire de la valeur localement et de s’engager.

Se poser donc parfois la question du : “pourquoi essayer de le faire ?”

Tout simplement notre besoin inhérent de créer du lien, de bâtir des choses palpables, de combler nos angoisses existentielles.

En tant que créateur, artiste, entrepreneur, nous aurons toujours ce double désir : celui de faire des choses qui dépassent la sphère locale, qui touche au global et l’universel.

Mais nous avons aussi besoin de cette contribution locale pour que notre chair et notre psyché soient rassasiées en sens et en diverses hormones que procure l’attachement, l’amitié, l’amour ou les liens humains tout simplement.

De plus, cette notion de temps consacrer au “global” semble relativement moderne.

Du moins, elle est exacerbée depuis l’avènement du web et des réseaux sociaux.

Un paysan du XVIe siècle n’avait pas à prendre cela en compte, un entrepreneur/artisan de la même époque non plus.

Pour rendre le sujet encore plus concret, je vais reprendre quelques exemples personnels où j’ai dû faire des choix entre une priorité donnée au local ou au global.

3 exemples personnels où cette façon de penser m’a servi

Pendant ma startup en 2015-2016

La première fois où j’ai été amené à me poser la question et à trouver une réponse fut pendant durant mon aventure avec Fetch, mon ancienne start-up.

Je vivais à Nancy, mon entreprise était connue localement et tous les entrepreneurs du coin me connaissaient de nom et souhaitaient me rencontrer.

J’ai toujours aimé échanger et aider donc j’avais commencé par accepter de nombreuses sollicitations.

En parallèle, j’avais envie de m’engager dans l’écosystème de ma ville/région, j’avais donc essayé de créer des initiatives comme un groupe Facebook d’entrepreneurs et des rencontres locales.

Le souci auquel j’ai été confronté a été double à cette époque :

C’est fort de ce double constat que j’avais décidé en 2015-2016 de commencer à écrire en ligne et de documenter ce que je visais et apprenais avec ma startup.

Plutôt que de donner mes livres préférés pour entreprendre à chaque personne que je rencontrais, j’ai pu en faire un article.

Plutôt que de répéter à chacun mes plus grandes erreurs et apprentissages, je pouvais écrire sur un projet qui avait échoué ou sur ce que j’avais appris en recrutant mes premiers employés.

Vous l’aurez compris, j’ai fait le choix de concentrer mon temps et mon énergie globalement.

Ce qui me permettait d’apporter de la valeur aux entrepreneurs de ma région mais aussi au-delà de celle-ci.

Le tout sans avoir à faire de la politique locale ou obtenir l’autorisation d’un conférencier ou incubateur pour partager mes idées.

Pendant mon passage parisien en 2018-2020

À l’inverse lorsque je suis arrivé à Paris en 2018, j’ai décidé d’avoir un focus majoritairement local.

J’ai eu envie de vivre l’expérience parisienne à fond.

J’ai rencontré beaucoup de monde lors de ma première année sur place. Cela pouvait aller jusqu’à 15-20 rendez-vous certaines semaines.

Puis des opportunités se sont matérialisées de ses rencontres.

Notamment la création d’un podcast (Dans la tête d’un VC) qui m’a permis d’avoir un projet plus global mais qui s’appuyait sur ma présence locale pour exister (les investisseurs startups étant majoritairement à Paris).

Pendant mes années de nomadisme de 2021 à 2023

Comme je l’ai expliqué précédemment, le nomadisme est un mode de vie qui influe sur notre façon de penser et vivre les expériences et les rencontres.

Néanmoins, il est possible de faire varier le focus de son attention du local au global.

Par exemple, au printemps 2022, j’ai vécu 3 mois à Istanbul.

J’ai passé les 5 premières semaines du côté “européen” de la ville.

5 semaines au cours desquelles j’ai eu un focus très local avec beaucoup de rencontres, de participations à des événements et j’avais même créé des “soirées philosophies” avec des personnes rencontrées.

Puis j’ai eu besoin de me recentrer et créer à nouveau sur Internet.

J’ai déménagé du côté asiatique et j’ai passé 8 semaines avec très peu d’interactions et d’engagement local.

J’ai préféré engager avec mes lecteurs en ligne (sur Linkedin), créer du contenu et travailler sur moi-même (sport, méditation, journaling).

Bref, j’avais complètement changé d’approche, ce qui m’a fait vivre deux voyages en un dans cette capitale turque.

Paris 2023, local ou global ?

Le choix n’est pas binaire.

C’est un spectre — qui nécessite néanmoins une prédominance claire à mon sens.

Préparer et écrire cette édition m’a aidé à réfléchir.

Voici ce que je souhaite faire et vivre lors de cette expérience parisienne made in 2023.

Tout d’abord, je souhaite profiter de la concentration de gens intéressants et stimulants au mètre carré pour rencontrer beaucoup de mondes sur place.

J’ai déjà commencé depuis mon arrivée et cela va être quotidien : les après-midi et les soirées seront souvent consacrées à des rencontres en duo ou quatuor.

J’ai envie de profiter de mon réseau pour organiser des dîners et des soirées avec des personnalités de milieux divers.

Aussi, je souhaite expérimenter Paris comme un touriste plutôt que comme un local.

Il y a un monde (probable) où je pars suite à mes 3 mois sur place.

J’ai envie de vivre des expériences que seul le fait d’être à Paris me permet.

Ces dernières semaines, je ressentais le besoin de retrouver de la clarté dans ce que j’aimerais faire suite à la phase de promotion de mon livre.

Je commence déjà à avoir quelques idées qui se précisent.

Je vais tout de même mettre à profit les rencontres pour me stimuler intellectuellement tout en faisant de l’introspection lorsque je suis seul.

Ce que j’aime avec Paris, c’est que la ville est et restera un hub qui permet de connecter avec des gens de Paris (ou ailleurs), bâtir une relation qui peut ensuite se poursuivre même à distance — ceci étant moins vrai pour les relations amoureuses.

Concernant le livre, il va y avoir tout une série de podcasts que je vais enregistrer (ça commence dès cette semaine).

Je vais organiser plusieurs soirées pour la sortie du livre dont au moins une avec vous !

J’ai des idées de conférences/podcasts live que j’aimerais tester. Et bien d’autres choses sur lesquelles je travaille en ce moment.

Donc au final, ce passage parisien va être plutôt tourné vers un focus “local” qui sert l’expérience de vie à court terme mais aussi mes projets à long terme (le livre, les futurs projets etc) — ce qui ajoute une dimension “globale”.

Vous l’aurez compris, pas d’absolu avec ce modèle mental, il ne sert qu’à vous poser la question d’où vous aller placer le curseur.

Et vous, êtes-vous plutôt local ou global ?

Cette édition était relativement personnelle. Mais après tout la newsletter s’appelle “Dans la tête d’un Philopreneur” donc tout va bien.

J’espère que mes réflexions et ma façon de penser ma vie avec ce modèle mental vous inspireront pour la vôtre.

Voici quelques questions qui pourront vous être utiles pour réfléchir à la question :

Prenez le temps de méditer sur ces questions qui pourraient vous apporter de nouvelles perspectives sur votre vie personnelle ou professionnelle.

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